Premiers feuilletons

lundi 6 avril 2015
par  Froissart
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Robert Guez est un réalisateur qui a toute la confiance de Michel Canello, il dirige « Le temps des copains » un feuilleton produit par Télé France films qui fait date dans l’histoire des premiers feuilletons télévisés. Cent-quinze épisodes de treize minutes diffusés à partir d’octobre 1961, ce n’est pas rien. En découvrant le générique, on trouve déjà à l’œuvre quasiment toute l’équipe de Thierry la Fronde. Vient ensuite dans l’écurie Télé France films « Janique Aimée » à l’antenne de février à avril 1963 sur un format de cinquante-deux épisodes de treize minutes. Les téléspectateurs lui réservent un très bon accueil. Claude Matalou y est chef opérateur.

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Jean Canolle et Robert Guez, de face
Le premier est le scénariste du Temps des copains, Robert Guez en est le réalisateur (extrait de La Revue des feuilletons).

Avant de travailler sur Thierry la Fronde, Pierre Houdain a réalisé pour Télé France films le montage de ces productions. Son témoignage nous en dit un peu plus sur la création de la société.

La naissance de la société est une histoire à l’américaine. Claude Matalou était opérateur, M. Canello, patron, portait les paquets, le dénommé Deplanche était chauffeur et Robert Guez était le réalisateur. Ils faisaient une émission qui s’appelait « Pour elle », une émission pour Radio Canada en langue française en deux parties : une recette de cuisine puis un petit reportage qui pouvait concerner la mode ou l’artisanat. Il n’y avait pas beaucoup d’argent. Quand le premier épisode a été terminé, ils sont allés à la banque avec une pièce comptable pour pouvoir toucher un peu d’argent, acheter avec la pellicule pour réaliser le deuxième épisode et ça a duré comme ça. (Pierre Houdain, chef monteur)

Claude Matalou a vécu de l’intérieur l’ascension de Télé France films. Il nous donne quelques précisions :

Dans les années 1950, j’ai fait connaissance à Paris de deux personnes qui sont devenues mes amis. L’un s’appelait Roger Deplanche qui était directeur de production et avec qui j’avais travaillé sur un film d’aviation sur lequel j’étais opérateur. Un garçon de mon âge, très intéressant, très directeur de production dans l’esprit : un sou c’est un sou… L’autre, Michel Canello, n’était pas du tout de la filière cinématographique. Je l’ai rencontré tout à fait par hasard, au cours d’un rallye automobile, le rallye du Printemps qui couvrait les châteaux de l’Ile-de-France. On a tout de suite sympathisé. Il travaillait avec son père dans une entreprise de voitures de luxe. C’est à ce moment-là qu’était sorti le dernier modèle de chez Simca. Il avait obtenu de la société le fait de pouvoir faire un film sur cette voiture pour la publicité. Un film de 20-30 minutes. Il ne savait pas à qui s’adresser. « Matalou, ça vous plaît ? ». Nous sommes descendus sur la Côte avec la voiture, c’est lui qui conduisait, Dieu sait que je fermais les yeux parce qu’il conduisait mal… Je filmais tout ce qu’on peut filmer sur une voiture : les freinages, les virages etc. C’est comme ça que je l’ai connu et ça a tout de suite fait « tilt ». Il s’intéressait à ma vie parce qu’il avait vécu une vie de jeune assez fermé dans sa famille. Je dois dire que j’ai une admiration sans borne pour lui. Il a deux ans de plus que moi.
Tous les trois, lui commercial, l’autre directeur de production et moi technicien, nous avons cherché du boulot et nous avons trouvé des documentaires à réaliser, des choses comme ça. Pendant deux ou trois ans, on a fait les rallyes de Monte-Carlo. On travaillait, à trois ou quatre, avenue d’Iéna, dans nos locaux, au-dessus de « l’Action automobile ». A ce moment-là, j’étais à la prise de vue, j’avais un coin minuscule avec de quoi accrocher mes films, mes morceaux de pellicule. … (Claude Matalou, producteur délégué)

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Le trio du Temps des copains
Premier épisode : trois jeunes gens montent à Paris tenter leur chance. Ils font connaissance dans le train ( Claude Rollet, Henri Tisot et Jacques Ruisseau).

Un des atouts de Télé France films réside dans le charisme, le métier et les relations de Michel Canello, son directeur historique. Claude Matalou, en tant que compagnon des premières heures, en parle de façon très convaincante :

Notre créateur, Michel Canello, avait ses entrées à la RTF, il connaissait tous les grands pontes. Les dirigeants de la chaîne le recevaient amicalement. Remarquable bonhomme au point de vue intelligence. Emmerdant par moments parce que pointilleux. Il ne voulait pas tenir compte de la technique, ça ne l’intéressait pas. Pour Thierry la Fronde, tout s’était bien passé au niveau des conversations avec la télévision. L’accord s’était conclu dès le départ entre Canello et notre comptable en tant que responsables financiers et les services de la RTF. Après, c’était à la production de gérer. (Claude Matalou, producteur délégué)

Nous voici de plain-pied dans les aspects financiers liés aux droits des auteurs, aux droits d’exploitation, Tout un contexte juridique que le producteur se doit de prendre en considération et de régler sous peine de conflits et de tribulations.


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